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Graphique du mois – L’économie du burger: le goût amer de l’inflation

by Caron Bastianpillai

L’économie du burger: le goût amer de l’inflation

 

Source: The Economist Jan 23’

L’indice Big Mac, sorte de «Guide de l’inflation pour les nuls» a été inventé par The Economist en 1986, soit dix-neuf ans après la création du Big Mac en 1967. Celui-ci était alors vendu au prix de 45 cents (aujourd’hui il coûte un peu plus de 6 dollars, soit une hausse de 1 244%). C’était exactement dix ans après que McDonalds ait inauguré sa première franchise en Suisse (à Genève, le 4 novembre 1976 – à l’époque, le Big Mac coûtait 3,90 CHF et il vaut aujourd’hui 6,90 CHF). L’indice se proposait d’illustrer de manière ludique le concept de parité de pouvoir d’achat ainsi que l’inflation à travers le prix de l’emblématique burger, universellement reconnu, synonyme de culture américaine et utilisant les mêmes ingrédients dans le monde entier. Les variantes locales comme le McRaclette (on oublie le cheddar transformé) ou le McBollywood (sans bœuf, s’il vous plaît) étaient les rares exceptions. Aujourd’hui, il va sans dire que tout ce qui doit être frit, cuit ou cuisiné a vu son prix augmenter de manière significative au cours des 12 derniers mois.

Sur une note moins réjouissante, on ne peut que constater la hausse et la baisse spectaculaires du pouvoir d’achat aux États-Unis (surveillez cette zone pour la grande révolution à venir!). En 1980, avec le salaire minimum aux États-Unis, on pouvait acheter un peu plus de 6 Big Macs, alors qu’en 2022, on pouvait à peine en acheter un (sans oublier les taxes d’État et municipales)!

 

1967 1980 2023
Salaire minimum 1,40$ 3,10$ 7,25$
Prix moy. du Big Mac 0,45$ 0,50$ 6,05$
Nb de Big Mac/heure 3,10 6,20 1,20

 

Comment McDonald’s a pu distribuer avec autant de succès son équivalent de la Ford T produite en série (une gamme de produits identiques dans le monde entier) me laisse perplexe. Notons au passage que contrairement à ce que l’on pourrait croire, les meilleurs burgers ne sont pas forcément américains! On se demande donc ce qui peut bien pousser les gens à acheter un produit qui contient plus de sucre, de graisse, de sel et d’acides gras saturés que de glucides? Pourtant, depuis sa création en 1955 en Californie (qui paradoxalement est désormais l’un des États les plus sains et les plus en forme d’Amérique), ce produit a résisté à l’épreuve du temps et a poussé de nombreux concurrents à la faillite. Groupe de restauration rapide le plus vendu au monde et groupe de restauration le plus prospère, il a fait l’objet d’une étude de cas à la Harvard Business School il y a 20 ans et, distanciation sociale oblige, la société a traversé la récente pandémie sans encombre grâce à ses McDrive®. Depuis son introduction en bourse le 21 avril 1965, une seule action achetée à 22,50 dollars vaudrait aujourd’hui 1 201 625 dollars (hors dividendes mais en tenant compte des fractionnements d’actions)!

Au-delà de sa valeur ludique, l’indice Big Mac présente certains défauts, comme l’absence au menu de la majeure partie du continent africain, de la Russie depuis l’année dernière et du Belarus (pour des questions de chaîne d’approvisionnement – pénurie de frites). De plus, la croissance du PIB et le coût de la main-d’œuvre (qui reflète souvent le salaire minimum local) diffèrent d’un pays à l’autre et une unité n’est pas forcément représentative du panier de consommation typique qui reflète le coût de la vie. En revanche, il reflète bien le prix des matières premières, le coût de la main-d’œuvre et celui de l’électricité. L’indice existe aussi dans une version corrigée du PIB, ce qui modifie quelque peu les statistiques.

Le fait de ne pas faire partie de la zone euro semble avoir ses avantages, puisque des pays comme la Suisse, la Norvège et la Suède se situent systématiquement en tête du classement. Par contre, les derniers chiffres montrent que la Turquie, l’Égypte et même la Grande-Bretagne ont brusquement dégringolé dans le classement depuis juin dernier, pour n’être battues à la baisse que par des pays comme le Venezuela – qui, pourtant, une fois, en 2013, était arrivé en tête du classement, devant la Norvège et la Suisse! Le dénominateur commun de ces pays est l’inflation qui les a frappés plus durement, incitant leurs banques centrales à resserrer leurs politiques de manière plus agressive (on notera que le Venezuela importe la plupart des denrées alimentaires qu’il consomme).

Si, comme vous pouvez le faire dans certains endroits du monde comme le Salvador (et même dans certaines villes de Suisse), vous achetez votre Big Mac en bitcoins, alors la volatilité des prix bat tous les records! Et pour ceux qui pensaient qu’il n’y avait pas d’inflation au Japon, sachez que McDonalds a augmenté le prix de son burger classique trois fois en moins d’un an (+55%) en raison de la hausse des coûts et des fluctuations de la monnaie, l’inflation ayant récemment atteint son niveau le plus élevé en quarante ans! L’ironie du sort veut qu’à mesure que les prix des denrées alimentaires augmentent, la restauration hors foyer diminue, au profit de McDonald’s.

Restez attentifs à la prochaine publication de l’indice Big Mac dans six mois et préparez-vous à un choc des prix encore plus important! McDonalds vient de publier ses résultats du quatrième trimestre, qui, malgré la force du dollar américain, ont dépassé les attentes, tant sur le plan des bénéfices que sur celui de la rentabilité (le groupe génère davantage de chiffre d’affaires hors des États-Unis, ainsi, avec la baisse du dollar depuis la fin de l’année dernière, les chiffres du prochain trimestre devraient s’améliorer). Dans le contexte actuel, une croissance à deux chiffres des ventes dans tous les segments est assez appréciable lorsque l’on dispose d’un certain pouvoir de fixation des prix.

Or, compte tenu des goulets d’étranglement des chaînes d’approvisionnement qui se multiplient dans le monde entier en raison de la guerre en Ukraine et de La Niña (phénomène inverse d’El Niño) qui réalise un rare triplé (trois années consécutives) et affecte les récoltes dans le monde entier en provoquant des sécheresses, des précipitations et des ouragans extrêmes, on peut s’attendre à ce que la situation se dégrade. Cette conjoncture crée l’un des plus grands ensembles d’opportunités de toute une vie pour les gérants de stratégies discrétionnaires macro et d’arbitrage, sans compter la fin de l’environnement prolongé de taux d’intérêt nuls avec la normalisation des taux.

Que ne pouvons-nous arbitrer le spread d’un Big Mac…!

 

 

 

 

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Antonio Mira
CHIEF FINANCIAL OFFICER, MEMBER OF THE EXECUTIVE COMMITTEE

Antonio Mira joined NS Partners in 2006 as Group Chief Financial Officer. He heads the corporate functions and is involved in coordinating and implementing the decisions of the Executive Committee.
An experienced bank auditor, Antonio started his career in 1995 with Arthur Andersen, where he worked for some 7 years before joining Ernst & Young in 2002 as a Senior Manager.
Antonio is a Swiss chartered accountant and a Business graduate of Lausanne University (HEC).

Sébastien Poiret
DEPUTY HEAD OF WEALTH MANAGEMENT

Sébastien Poiret joined NS Partners in 2008 and manages funds of hedge funds and private client mandates. He also oversees the development of the Group’s offices in Mauritius.

Prior to joining NS Partners, he served as a Trader, Head of Manager research and Portfolio Manager in the USA and Switzerland for a single hedge fund (1998-2004) and for Optimal (2004-2008), Grupo Santander’s fund-of-hedge funds operations.

Sébastien holds a Bachelor’s degree in Corporate Finance from the ESPEME Business School (EDHEC Group) and an MBA in Finance and Economics from the Institute of Business Administration, both in Nice.

Abir Oreibi
BOARD DIRECTOR

Abir Oreibi joined the Board of the NS Partners Group in 2018, where she brings her truly international perspective and rich experience.
Among many other ventures, Abir set up Alibaba.com’s first European office. After living and working in Shanghai, Hong Kong, Bangkok and London, she now lives in Geneva, where she is CEO of Lift Events, an organization that identifies technology trends, their business and social impact through the organization of events and open innovation programs. Issues related to the challenges and opportunities created by new technologies as well as the strategic responses from organizations are at the heart of Lift’s activities.
Abir holds a BA in Political Sciences from the University of Geneva. She is an investor, and member of advisory and innovation boards.

Romain Pidoux, CAIA

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Romain Pidoux joined NS Partners in 2011 and heads the Group’s Risk Management.
He started his financial career in 2005 as Head of Quantitative Analysis for a Swiss Family Office, selecting funds and managing portfolio allocation. In 2008, he switched to the alternative world and joined Peak Partners as hedge funds analyst.
He is a Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA) and holds a Master’s degree in international relations from the Graduate Institute of International Studies at Geneva University.

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